L’art oratoire - partie 2 : Techniques verbales de construction du discours.

Guillaume Chandelier
24 min readJun 20, 2022

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Voici la deuxième partie de l’article sur l’art oratoire, qui va couvrir comme le titre l’indique les techniques verbales & la construction du discours. La première partie est disponible ici et pour une version complète ça se passe ici : https://guillaumechandelier.notion.site/L-art-oratoire-66b27b088edd48108c159ceb4e81d0f1

La construction d’un discours ainsi que les procédés employés pour lui donner vie sont un squelette indispensable à toute bonne intervention. Choisir une phrase plutôt qu’une autre, ce mot plutôt que celui-là, une virgule de plus ou de moins peut changer l’impression que l’on aura de celui-ci. La prestance oratoire seule ne pourrait soutenir un bon discours. C’est pour cela qu’il est nécessaire d’avoir des bases solides au niveau verbal également.

Robert Badinter à l’assemblée Nationale, 17 septembre 1981

🔸Techniques verbales

Imager nos propos

Lorsque l’on parle, il est primordial d’utiliser des images fortes pour permettre à notre public d’imaginer ce que l’on veut dire. Cela peut passer par différents moyens :

  • employer des métaphores visuelles
  • illustrer et faire vivre le discours par les descriptions

Si l’on veut parler de précarité étudiante, plutôt que d’énoncer des statistiques de prime à bord, on peut dépeindre un tableau d’un.e étudiant.e que l’on connaît qui vit dans de tristes circonstances :

“Vous savez, j’ai cette connaissance qui vit dans les quartiers pauvres de la capitale. Étudiante comme vous en 2ème année, son appartement doit faire la taille de votre salon, des murs en lambeaux, un parquet bouffé par l’humidité et un froid… comme on peut le ressentir en plein janvier. Celui là même qui vous mord la peau, le dos de vos mains commençant à brûler sous l’effet des basses températures. Mais cela n’est que de l’aspect matériel, pensons à la nourriture. La faim au ventre, nous vivons à une époque où des étudiants, les gens qui feront notre avenir demain ne mangent qu’un repas par jour, souvent faible en apports caloriques et je ne vous apprend pas l’intérêt que cela représente. La faim intense, celle qui vous tord l’estomac, qui vous donne envie de faire tout autre chose que de travailler. Ni vous ni moi n’avons envie de faire subir cela à qui que ce soit.”

⇒ On peut observer des images que tout le monde peut comprendre (un mur qui tombe en ruine, un parquet humide) mais aussi des sensations imaginables (le froid qui nous prend)

NDLR : la description ici est volontairement très poussée avec un storytelling qui fait peur/qui touche. Pas besoin d’en mettre autant au même endroit dans un discours, c’est juste une illustration

Associer les images à du storytelling est assez fréquent en rhéotirque pour toucher les gens au plus profond, cela peut faire réagir si c’est pour choquer, ou rassembler si c’est un discours de joie (en fin d’année par exemple)

“Quelle année. C’est assez peu courant que des délégués de promotion fassent un discours en fin de parcours mais c’est la dernière fois qu’on se voit et il est important qu’on vous dise à quel point c’était un plaisir de vous représenter.”

“Exactement, vous avez étés exemplaires. Pensez à cette entraide entre nous. Nos heures de travail en commun pour les partiels, les cafés qu’on a bu tou.te.s ensembles pour tenir et se serrer les coudes. Rappelez vous ce week-end d’intégration, qui se rappelle de l’euphorie du samedi soir ? Tous réunis à danser ? C’est ça aussi l’esprit de cohésion d’une promotion. Loin de nous les déceptions de l’année, c’est ce sentiment qui nous anime aujourd’hui.”

etc etc.

La direction puis le chemin

C’est une manière de structurer son discours pour répondre par exemple. Si on nous pose une question (ou qu’on a une question à élucider en prenant la parole) on envoie la réponse à la question direct, puis on l’explicite en 3 petites boîtes. — et on étiquette les boîtes si possible —

“Qu’est-ce que vous pensez pouvoir apporter à cette entreprise exactement ?”

“Ce que je pense apporter ? La stabilité, la compétence et l’innovation. Si je suis élu à la tête du conseil d’administration, c’est avant tout assurer une stabilité de l’emploi à chacun de nos employés, peu importe leur niveau d’ancienneté il y aura de nombreux changements à venir mais tous seront dans le respect. Évidemment une amélioration des compétences individuelles de chacun, la vie est une perpétuelle évolution et c’est dans cette idée que je souhaite mener ma politique interne. Et enfin l’innovation, sans progrès on fait du sur place, et le sur place c’est la faillite. C’est ces valeurs que je porte.”

🔸Techniques de construction

Je ne peux tout simplement pas décrire ici l’ensemble des constructions et procédés rhétoriques existants pour construire des phrases. Je ne suis pas un expert en littérature, aussi les épanalepse, zeugma et autres épanadiploses ne font pas parti de mon vocabulaire. Pour cela, j’invite les intéressé.e.s à se reporter à des livres traitant précisément de cela comme on en trouve dans les sources.

Introduire un discours

La méthode Patrick Baud

La référence ici est toute personnelle, mais je l’adore. Il fait parti des gens qui ont le plus inspiré certaines de mes prises de paroles en cours, parce qu’il a une voix absolument envoutante tant elle est bien posée.

Patrick Baud gère la chaîne YouTube Axolotl, et si j’introduis ici son travail c’est pour parler non pas du ton de sa voix (qui sera traité dans la partie entrainement) mais plutôt pour les introductions.

Une introduction directe, sur un exemple, qui va d’emblée introduire les auditeurs & auditrices au cœur du propos. Ne laissant pas de place à la rêverie et captivant instantanément l’auditoire.

Ma façon de faire personnelle

S’il n’y a pas d’exemple dans ce que je veux dire, ou que je souhaite l’introduire moi-même, la meilleure méthode que j’ai trouvé qui marche parfois c’est de poser une question. Voici un extrait d’une présentation que j’ai tenu sur la dyslexie en cours de neuropsychologie :

Est-ce que vous vous rappelez comment vous avez appris à lire ? Est-ce que c’était en déchiffrant chaque syllabe qui compose un mot, ou en prenant la forme globale du mot ? Pour la majorité d’entre nous, c’est la première méthode. Mais à l’âge adulte, on lit plutôt avec la seconde méthode. Mais dans tous les cas, on se sert des deux façons de faire, et on va le voir, ça a un intérêt bien précis.

En commençant le discours de la sorte, j’implique directement les personnes dans la salle en leur posant une question. C’est vrai ça, comment j’ai fait ? Et ça introduit directement mon sujet sur la dyslexie qui est un trouble de l’apprentissage de la lecture.
Cette méthode est maintenant vôtre.

Un exemple d’intro en vidéo

Une introduction à mettre, c’est sans doute celle d’Eric Dupond Morretti.

Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, EDM est un excellent orateur. Et cette introduction est absolument fabuleuse de construction. On ne peut qu’admirer le silence avant de parler, les premiers mots, les tournures, les silences qu’il pose au milieu de ses phrases pour appuyer son discours.

Analyser cette performance, c’est s’offrir un cours d’introduction qui claque.

Quels arguments choisir ?

C’est une question… aussi importante qu’insoluble. Choisir ses arguments est ce qui permettra d’avoir un impact plus ou moins bon sur notre auditoire et c’est ça qui confèrera toute la force à notre discours.

Je vais reprendre le conseil du maître en art oratoire (encore une fois) Robert Badinter, qui conseille ceci :

Qu’est-ce que je peux dire qui les amène eux, à penser comme moi.

Et c’est effectivement le centre de la stratégie argumentative. Il n’existe pas de bon ou mauvais arguments. Seulement des arguments efficaces ou non en regard d’un public donné.

  • si l’on parle à un ami de végétarisme et qu’il se fout du réchauffement climatique, on peut lui parler de la cause animale.
  • si on parle à un patron qui se fiche de la santé de ses employés on peut lui parler des répercussions financières de la mauvaise santé des gens qui travaillent pour lui.
  • etc.

Il est donc important d’analyser l’auditoire qu’on va avoir. Savoir à qui on parle, pour savoir quoi dire. Et arriver à trouver des arguments qui amène donc ce public à penser comme nous.

Et c’est peut-être là, tout le talent à trouver les bons arguments. Le mot juste, au bon endroit, au bon moment, face à la bonne personne.

Video d’analyse de Badinter par Viktorovitch (Clique)

🔹Point bonus :

En psychologie, on sait qu’il existe 2 types de persuasion :

La persuasion par voie centrale : arguments convaincants

  • fonction sur un public motivé et capable ;
  • entraîne un comportement persistant et résistant;

La persuasion par voie périphérique : la forme du message importe plus que le fond;

  • fonctionne sur un public non-motivé / non-capable ;
  • changement temporaire, peu résistant.

Je ne dis pas quel arguments utiliser. C’est des connaissances brutes sorties de la littérature scientifique, à vous de savoir quoi utiliser, pour qui, quand et comment.

Éviter les sophismes

Dans son célèbre livre l’art d’avoir toujours raison, Arthur Schopenhauer illustre les différents stratagèmes existants pour mettre en déroute un adversaire rhétorique via différents procédés pas toujours idéaux mais qui permettent de gagner les débats.

Aujourd’hui, les gens sont bien mieux formés à la détection, et bien qu’il existe encore des zones d’ombre éducatives à l’égard de ces sophismes (ou paralogismes si la personne le fait de bonne foi) il y aura toujours quelqu’un pour reprendre un.e orateur.ice qui s’aventurerait sur ce chemin. Donc, on évite.

Éradiquer les tics de langage

Ma première semaine à l’IUT d’Annecy était composé du premier cours de communication que j’ai eu de ma vie. Une sorte d’immense électrochoc. Jusque là j’avais toujours été convaincu d’avoir une parole nickel sans impuretés. Et malgré ça, je n’ai pas fait exception aux exemples du prof qui a relevé chacun de nos tics verbaux.

Un tic de langage, c’est l’ensemble de ces petites onomatopées ou mots intempestifs que l’on glisse dans nos phrases et qui viennent polluer notre discours. Certains experts appellent les tics des mots béquilles, servant à reprendre pied quand on ne sait plus trop où l’on est. On parle ici des «euh», «bref», «alors» et autres «du coup» qui n’apportent rien au discours si ce n’est un côté amateur et assez désagréable à l’oreille.

Ici un article essaie de montrer les principaux tics à supprimer, mais je me permettrais d’en préciser certains :

  • Les «donc» en début de présentation. C’était l’exemple ultime de ma petite histoire du début. Si vous écoutez 4 ou 5 personnes passer à la suite à l’oral, je vous parie qu’au moins 3 d’entre-elles commenceront par le mot “donc”. Ce mot est là pour amener la conclusion à un développement logique. Le mettre au début c’est montrer qu’on a envie d’en finir avec la présentation à peine commencée. A bannir en priorité.
  • Les «euh» sont peut-être le tic le plus représenté dans la population. On peut des fois en relever une cinquantaine sur 10 minutes d’oral sans problème. Ils sont là pour meubler notre peur du silence. Mais comme vu dans le premier article ici, le silence c’est la force d’un orateur. Il faut le laisser sonner. Donc le euh, on le supprime sans rien rajouter.
  • «du coup», «voilà» et «bref». Ces 3 formules sont aussi à supprimer. Du coup est une expression vide de sens, bref n’est pas une liaison et voilà n’est pas une conclusion.

Comment on les supprime ?

Un principe, deux méthodes : le feed back. Soit on s’enregistre et après coup on écoute pour identifier nos tics, soit on s’entraine à plusieurs (ce que je recommanderais) et on identifie entre nous les formules qui n’ont rien à faire dans notre discours. Au début on aura l’air d’être scruté, et passé cette période d’inconfort les tics diminueront naturellement.

Quelques figures de style utiles pour un discours

Ils sont tous issus des livres La rhétorique aujourd’hui et la rhétorique mode d’emploi, aux presses universitaires de Laval Québec, que j’ai très légèrement remanié dans la mise en page ou au niveau descriptif. La majorité des livres de rhétorique donnent d’autres exemples, une version française peut se trouver dans l’excellent livre de Clément Viktorovitch Le pouvoir rhétorique.

Ce n’est sans doute pas la partie la plus primordiale, mais ça permet toujours de glisser quelques petits effets sympa dans les discours et ça donne des beaux rendus à l’oral.

🔹La métaphore :

La métaphore est une comparaison entre deux réalités sans l’utilisation d’un terme comparatif

« Croyez-moi, le mélange des saveurs entre la petite tasse et les douceurs chavire les papilles. »

Tiré d’un article sur un nouveau café gourmand venu s’installer au cœur du centre-ville, publié dans le journal 24h, la phrase fait le lien entre les saveurs et l’incidence qu’elles auront sur nos papilles. Il est impossible de faire chavirer des papilles, car la référence est soit maritime, soit passionnelle, mais l’allusion est intense et l’effet escompté, soit de frapper l’imagination, est atteint.

« Voilà ce que le PS est devenu cette semaine : un gallodrome. La primaire de la BAP [Belle Alliance populaire], c’est un pit. »
Édouard Philippe, site du journal Libération, 15 mars 2017.

Pendant une bonne partie de cet article, les primaires du parti socialiste de ce printemps 2017 vont être associées à des batailles de coqs, avec la volonté de rabaisser les adversaires politiques au rang de gallinacés en furie.

🔹La gradation :

  • La gradation est une figure où l’énumération de termes suit une progression quantitative ou qualitative, soit ascendante, soit descendante.

« Notre hiver, lorsqu’il frappe fort, nous révèle à nous-mêmes. Au moment de la crise du verglas, il avait révélé une société forte, bien gouvernée, sûre d’elle-même. Cette semaine, il a révélé, à plus petite échelle, une société désorganisée, médiocre et impuissante. »
Mathieu Bock-Côté, Le Journal de Montréal, 18 mars 2017.

La gradation est doublée d’un chiasme, tel un écho à la négative qui ferait penser à un dialogue. À « forte » répond « désorganisée », à « bien gouvernée » répond « médiocre » et enfin, à « sûre d’elle-même » répond « impuissante ». L’effet est assurément percutant, grâce à la double gradation, d’abord en montée puis décroissante.

🔹L’anaphore :

Ma préférée de toute. L’anaphore consiste à utiliser le même mot ou la même formulation plusieurs fois dans la même phrase ou le même groupe de phrases. Cette figure de style, associé à un ton rapide permet au public de mesurer l’urgence d’un propos, ou dit sur un ton lent et solennel cela donne une profondeur immense au discours. (et par un effet de simple exposition en psychologie on observe une bonne rétention du propos par le public évidemment).

« Pas assez d’espace, pas assez de temps et pas assez de mouvement »,
Édouard Philippe, site du journal Libération, 8 mars 2017.

Le rythme intrinsèque de la figure de l’anaphore est souvent doublé d’une gradation qui renforce à mesure l’idée exprimée.

« J’écris pour trouver ma place. J’écris pour me donner un rôle. J’écris pour prouver que j’existe. »
Stéphane Laporte, « L’allumeur de réverbères », La Presse, 14 janvier 2017.

En répétant ce que l’écriture représente pour lui, il vient appuyer son importance en augmentant à chaque allusion le degré d’inten-sité ressentie. L’effet lyrique est créé par le rythme berçant de l’ensemble.

🔹L’antithèse :

L’antithèse confronte deux idées opposées. C’est le rapprochement de deux termes opposés, réunis par une ou des conjonctions. Elle permet d’illustrer une opposition présente dans un thème, dans un champ lexical, montrant toute l’ambiguïté qu’une idée ou que plusieurs idées confrontées peuvent générer.

« Marine Le Pen se veut ailleurs et Macron se dit partout »,
Édouard Philippe, site du journal Libération, 15 mars 2017.

Le but de l’antithèse est de souligner les différences entre ces deux candidats aux élections françaises de 2017 en opposant leurs propos. Par contraste, les différences semblent alors plus importantes entre chaque position à cause de la comparaison avec la position contraire.

🔹L’apostrophe :

L’apostrophe est cette figure par laquelle on interpelle directement le public.

« Euh… Permettez, Madame Houda-Pepin, que je fasse comme vous dans le caucus libéral, quand vous en étiez, permettez que j’inscrive ma dissidence, ici… »
(Patrick Lagacé)

Clairement, Mme Houda-Pepin n’est pas directement interpellée. Elle demeure accessoire (absente) dans cet article. Le fait que l’auteur l’interpelle ne convainc certainement pas directement son auditoire à adhérer à ses idées, mais il met la table aux arguments qui vont suivre.

🔹Le chiasme :

Le chiasme est une figure où les mots sont placés dans un ordre inversé comme si les arguments se croisaient au début et à la fin de la phrase.

« L’autre est devenu le nouveau « nous ». Et le « nous » est devenu autre. »
Richard Martineau, Le Journal de Montréal, 13 février 2017.

L’auteur utilise le chiasme pour mettre en « miroir » l’étranger face à face avec l’habitant du pays hôte. Martineau se sert du chiasme de manière frauduleuse pour signifier que les gens qui reçoivent des étrangers ne se sentent plus chez eux, une mentalité qui se propage rapidement devant le mouvement migratoire de plus en plus répandu sur la planète. → d’où l’intérêt de repérer les éléments de discours horribles !

🔹L’hypotypose :

L’hypotypose est une figure consistant à décrire un évènement de façon si vivante que l’auditoire croit l’avoir sous les yeux.

« Il est 10 heures, ce 7 janvier 2015. Comme chaque mercredi matin, la rédaction du journal Charlie Hebdo se réunit pour sa conférence de presse hebdomadaire au siège du journal, 10, rue Nicolas-Appert, dans le 11e arrondissement de Paris, près du métro Richard-Lenoir. Vers 11 h 20, au moins deux hommes cagoulés, vêtus de noir et armés chacun d’une kalachnikov se présentent dans un premier temps au numéro 6 de la rue Nicolas-Appert, où se trouvent les archives de Charlie Hebdo. Ils hurlent « C’est ici Charlie Hebdo ? ». Constatant qu’ils sont à la mauvaise adresse, les deux hommes repartent et se dirigent alors vers le numéro 10 de la rue, où se trouve le siège de l’hebdomadaire satirique. Une fois dans l’immeuble, ils demandent aux deux hommes d’entretien à l’accueil où se trouvent les locaux de Charlie Hebdo. Un agresseur ouvre le feu et tue l’un de ces deux hommes, Frédéric Boisseau, 42 ans, collaborateur de Sodexo en France depuis 15 ans. Ils montent au deuxième étage, se dirigent vers la salle de rédaction où se trouvait réunie toute l’équipe de rédaction du journal. Les deux hommes ouvrent le feu en criant, selon un témoin, « Allahou Akbar ». Les terroristes, toujours selon le témoin, disaient vouloir « venger le prophète ». » « Comment s’est déroulée l’attaque contre « Charlie Hebdo » »
LeMonde.fr, 7 janvier 2015.

L’exemple qui précède illustre l’utilisation de l’hypotypose à la lecture. L’utilisation des verbes à l’indicatif présent aide beaucoup le lecteur à s’imaginer qu’il vit l’événement en temps réel, à la seconde près, même s’il sait qu’il a eu lieu précédemment. L’ajout de citations comme dans le texte analysé ci-dessous apporte également une touche de crédibilité et de sensationnalisme qui rend la lecture plus prenante.

🔹L’antonomase :

L’antonomase (quel nom barbare) est une figure où l’on utilise un nom propre au lieu d’un nom commun ou l’inverse.

« Je rêve que nous devenions les Lumières d’un début de siècle encore plongé dans le noir. »
Francine Pelletier, Le Devoir, 15 mars 2017.

L’auteure utilise l’expression « les Lumières » en faisant référence au siècle des Lumières, soit le XVIIIe siècle et à l’éveil intellectuel de la société à l’époque. Elle double son effet en usant aussi d’une antithèse entre la clarté et le noir augmentant ainsi la portée de son envolée lyrique.

🔹La litote :

C’est le remplacement d’un mot par un autre qui en donne un sens atténué, mais tout en maintenant l’intention que le lecteur décode le sens resté implicite. En gros, la litote dit moins pour signifier plus.

« Surtout, ne vous fiez pas au visuel extérieur, ce n’est pas très attrayant. » Thierry Daraize, Le Journal de Montréal, 29 mars 2017.

La litote est complétée par l’assertion du début qui conduit l’auditeur à comprendre que sa perception est fausse. Même si la vision de l’extérieur n’est pas très jolie, on doit savoir que c’est le contraire qui nous attend lorsque l’on entrera.

🔹La métonymie :

La métonymie est une figure où la partie désigne le tout. Par exemple, la voile peut désigner le bateau. ⇒ en conséquence, c’est le moment de rappeler que cela permet de limiter le nombre de mots donc la saturation des gens, ET de faire travailler leur imagination. Tout benef.

« Légalisation de la marijuana : Trudeau veut toucher les gangs au portefeuille. »
Ici-Radio-Canada Nouvelles.

Dans le titre également, nous avons une métonymie. En utilisant le mot portefeuille, on réfère au contenant pour le contenu, soit le portefeuille pour les revenus (argent).

« Allez viens, on va boire un verre ! »

En disant « boire un verre », l’auteur met en avant le contenant pour le contenu puisque ce n’est pas le verre que l’on boit, mais bien ce qu’il contient. Souvent, d’ailleurs, il s’agit de bien plus qu’un seul verre !

source illustration : la rhétorique mode d’emploi, Nicole Fortin, PUQ

Amusant de voir qu’on utilise des figures de style tous les jours sans s’en rendre compte non ?

🔹L’oxymore :

Une de mes préférées. L’oxymore consiste à mettre en relation côte à côte deux mots opposés par le sens. Elle permet d’illustrer une opposition présente dans un thème, dans un champ lexical, montrant toute l’ambiguïté qu’une idée peut générer.

« Une bande de collégiens qui envahit le fond de l’autobus en chaos organisé »
Ariane Labrèche, Journal 24h, 16 février, 2017.

Un chaos par définition est désordonné, porte à confusion, voire à la destruction. D’y associer un terme comme organisé relève de l’oxymore, qui unit deux termes incompatibles dans le but d’étonner le lecteur. L’auteur essaie donc de nous faire comprendre et ressentir l’ambiance régnant dans l’autobus à l’arrivée de la bande de collégiens, une ambiance quelque peu désorganisée, en fait.

« Les idées noires sont l’œuvre d’un humaniste habité d’une douce colère. »
Jean-Dominic Leduc, Le Journal de Montréal, 11 février 2017.

L’auteur met en relation les mots « douce » et « colère » pour illustrer la colère cachée ou étouffée du sujet.

🔹La périphrase :

La périphrase est une figure qui exprime plusieurs mots à la place d’un seul.

« Le plus vieux métier du monde est souvent vu comme quelque chose de dégradant. »
Maria Florez-Gonzales, L’étudiant, 10 février 2017.

La périphrase est souvent utilisée par discrétion, pour ne pas choquer l’auditoire avec un terme trop cru. Elle sous-entend que les gens ont la même culture et qu’ils comprennent à demi-mot. Ici, le plus vieux métier du monde est l’expression consacrée pour signifier la prostitution.

« C’est dans un contexte de climato scepticisme venant surtout du nouvel élu chez nos voisins du Sud que s’est déroulé le 29e Colloque de l’AMEUS […] ».
L. Poulin, Le Collectif, 28 février 2017.

On pourrait remplacer « nouvel élu » par « président » et « chez nos voisins du Sud » par « des États-Unis ». Cette figure peut soit signifier que l’on préfère taire les noms par respect ou l’inverse, par dénigrement.

🔹L’hyperbole :

L’hyperbole ou exagération exprime un état ou une situation de façon excessive. Cette figure est le contraire de la litote.

« Il est temps d’en finir avec ce suicide organisé de l’industrie française, bradée sans scrupule par des politiques qui ont renoncé à défendre les intérêts de la France et des Français. »
Communiqué du 6 avril 2017 du parti du Front National français.

La stratégie du parti d’extrême-droite est très claire. Par l’usage de termes excessifs tels que « suicide », en référence à la mort que l’on se donne soi-même, ou « bradée », ou offerte à un prix dérisoire, le parti veut faire peur aux gens.

« Une femme fait vivre un enfer à ses voisins à cause d’une mouffette »
Emmanuel Martinez, TVA Nouvelles, 30 mars 2017.

Il est bien sûr que l’expression prise au mot est loin de la réalité et pourtant, le langage courant déborde de ces hyperboles qui attirent l’attention de l’interlocuteur en grossissant volontairement les sensations ressenties comme un inconfort.

🔹La prétérition :

La prétérition est une figure qui consiste à déclarer que l’on ne parle pas d’une chose alors qu’on en parle effectivement.

« Je ne veux pas te décourager, mais nous roulons dans le sens inverse depuis une heure. »

En précisant ne pas vouloir décourager le conducteur qui roule depuis la dernière heure dans la mauvaise direction et donc qu’il s’éloigne de sa destination, c’est exactement l’effet inverse qui se produit, car l’accent est mis sur le fait que c’est décourageant de se tromper de direction et d’avoir l’impression de perdre son temps. Le sentiment est donc accentué, car on le précise.

« C’est Margaux, pour ne pas la nommer, qui a mangé tous les cookies. » (💜)

En ajoutant la mention que nous ne voulons pas dénoncer le coupable, nous évoquons donc que Margaux a commis ce geste et, d’une tirade absurde, insistons sur le fait que nous ne voulons pas la nommer. Cet ajout contradictoire vient amplifier la situation et mettre en évidence que c’est bien Lucie la coupable.

Effet de primauté et biais de récence

Un peu de psychologie sociale ici. (rien de bien compliqué c’est promis)

En 1965, Postman & Phillips ont présenté une liste de mots à des sujets, avant de leur demander de restituer les mots dont ils se souviennent.
Résultats : Les mots en fin de liste étaient ceux dont les sujets se souvenaient le mieux. C’est la naissance de l’effet de récence.

Au milieu des années 1940, Solomon Asch présente une liste de traits caractéristiques d’un sujet à des volontaires avant de leur demander leur avis sur le sujet.
Résultats : Si des mots à connotation négatives arrivaient en premier dans la liste, c’est eux qui influençaient le plus le ressenti des volontaires. C’est l’effet de primauté.

L’effet de primauté et l’effet de récence fonctionnent ensemble lors d’un discours. L’effet de primauté nous dit qu’on se souvient surtout de ce qu’on voit au début, et l’effet de récence ce qu’on voit à la fin.

C’est aussi pour cette raison qu’on se souvient du début et de la fin d’un cours, mais que la fin est très floue (si je vous demande de me dire ce que vous avez lu dans le premier article, les 2 personnages du début sont très simple à rappeler et les quelques figures de styles vues avant aussi, mais il est + dur de se rappeler du contrôle d’attention par exemple)

Lorsqu’on parle, il est donc important d’avoir une entrée forte (en terme rhétorique) et une fin avec du panache, parce qu’au delà de tout c’est de ça que les gens vont se souvenir. Il est donc intéressant de le garder en tête pour la construction des discours !

Pas de négatif

Ou du moins, le moins possible. Le cerveau a beaucoup de mal à comprendre les négations.

Mais non, je ne l’ai pas frappé pour obtenir cette bouteille. Je ne suis pas un mec violent ni un voleur !

Problème de cette phrase, les mots “violents” et “voleurs” ont activé leur fonction proférentielle, ce qui veut dire qu’ils produisent leur effet sémantique malgré qu’ils soient posés dans uns structure négative. En bref, on comprend l’inverse de ce qu’on devrait !

C’est la même chose que “ne pense pas à un éléphant rose, surtout pas”, la première chose à laquelle on pense est un pachyderme avec une couleur pour le moins curieuse.

⇒ Donc dans les discours, on supprime le négatif au maximum !

L’effet de simple exposition

Un effet psychologique primordial quand on doit convaincre (mais à manipuler avec précaution), c’est l’effet de simple exposition. L’idée générale est plutôt simple : plus on est confronté à une idée, plus on y adhère.

🔍 Moreland et Beach ont demandé à 4 femmes d’aller en cours d’amphi selon 4 modalités :

  • La 1ère : jamais
  • La 2nde : 5 fois
  • 3ème : 10 fois
  • 4ème : 15 fois

Résultat : Celle qui a été le plus vue est jugée comme plus attractive (à l’air intéressante, etc…) par les autres étudiants.

Les résultats montrent aussi que plus on voit une personne (plus on y est exposé) et plus on va la juger comme similaire à nous.
→ il ne s’agit pas d’un effet de familiarité car les étudiants ne se souviennent pas vraiment de l’avoir vue, c’est donc automatique.

🔍 Expérience de présentation de 12 mots (ce sont en réalité des non-mots), les participants doivent simplement les répéter. 5 conditions d’exposition aux mots :

  • 1 fois au mots,
  • 2 fois,
  • 5 fois,
  • 10 fois,
  • 25 fois.

→ on dit aux participants que ces mots viennent du Turc, ils doivent évaluer la valeur positive du mot
Résultat : les participants
jugent plus positif un mot vu 25 fois que 1 fois.

En conclusion, + on est exposé, + on est attiré, et + on juge similaire. Ici, l’attraction est un médiateur (c’est-à-dire que l’effet « exposition = similarité » passe par lui ; il n’est pas un simple modérateur).

Partant de ce principe, on comprend comment faire pour faire accepter une idée ! Il suffit de la placer un certain nombre de fois dans notre discours.

Mais on comprend aussi pourquoi donner une tribune à un polémiste d’extrême droite sur une chaine de la TNT tous les soirs n’était pas forcément une idée très lumineuse…

L’humour

L’humour sert à faire passer des concepts, des idées, à détendre l’atmosphère, etc. Un bon mot sur un sujet d’actualité peut passer très bien si on le lance en début d’intervention pour se lancer en cherchant la bienveillance de l’auditoire. C’est ce qu’on appelle la Captatio benevolentiae.

Interrogé sur le plateau de QG sur le président sortant Emmanuel Macron lors de l’élection de 2022, l’ancien président François Hollande se permet un trait d’esprit pour faire passer son idée.

Interviewer : « Et Emmanuel Macron, c’est de droite ou de gauche ? »

F. Hollande : « A un moment c’était un peu de droite et un peu de gauche… maintenant c’est un peu. »

Nota bene : Si on a une formule, une punchline ou un truc très fort : on ne l’utilise qu’une seule fois.

Répondre à une question à laquelle on a pas la réponse

Tout le monde a déjà vu un politique sur un plateau télé, confronté à une question à laquelle il/elle n’a pas de réponse, et arriver malgré tout en un habile tour de main réussir à tourner la situation à son avantage en répondant malgré tout. Cette méthode c’est la méthode SPIC, elle permet de répondre en construisant sa réponse au fur et à mesure.

SPIC est l’acronyme de Situation, Problème, Idée, Conclusion. En structurant la prise de parole ainsi, on peut laisser notre cerveau en pilote automatique pour être en mesure de produire une réponse satisfaisante à une question donnée.

Exemple : confronté à un jury d’examen, une étudiante se retrouve à devoir se justifier sur son choix de ne pas parler d’un auteur du XIXème siècle dans son mémoire. Prise de cours, elle peut néanmoins utiliser la méthode SPIC pour se tirer d’affaire :

«Vous avez très justement souligné que je n’avais pas parlé de Dostoevsky dans le chapitre sur la révolution Russe (Situation). Et pourtant, c’est un artiste très engagé dans ce mouvement et nombre de ses écrits ont participé à la visibilité (Problème). Cependant lorsqu’on regarde les auteurs dont j’ai parlé, on retrouve Tolstoï ainsi qu’Anton Tchekhov, aussi rajouter Dostoevsky ici ne me semblait pas primordial (Idée 1). Par ailleurs, Albert Camus avait étudié le travail de Dostoevsky et en parle dans Le Mythe de Sisyphe : « Tous les héros de Dostoïevski s’interrogent sur le sens de la vie.» et ce n’est pas sous ce prisme moderne que je souhaitais aborder la littérature russe de cette époque (Idée 2, venue en cours de route). En définitive, ce choix qui peut surprendre de prime abord est parfaitement assumé au regarde de l’analyse que j’ai menée sur l’ensemble des artistes et les choix de présentation que j’ai pu faire qu’ils soient numériques ou thématiques (Conclusion)

Conclure sa présentation

Conclure une présentation c’est laisser dans la tête de ses spectateurs une image. Il faut qu’elle soit la plus forte possible. Pour ça 2 outils : une punchline de fin, et des applaudissements.

D’un point de vue art oratoire, ces outils s’appellent les claptraps (ou piège à applaudissements dans la langue de Molière). Des tournures de phrases et de ton qui appellent à des applaudissements en fin de discours.

→ On peut fermer le tout avec une formule choc : «Vive la république, vive la france», «Qui ose gagne», «le changement c’est maintenant», «parce que c’est notre projeeeeeeeeeEEEEeeeetttt»

Ces formules annoncent la fin d’un discours et enjoignent le public à applaudir et à laisser exprimer leur euphorie. Il est aussi possible de le faire avec une citation frappante qu’on sera allé chercher sur google, et qui pourrait faire finir en panache notre intervention.

On peut aussi boucler notre discours avec une phrase qui invite à l’action. C’est l’idée derrière des formules du type : “maintenant, c’est à vous de jouer !” ou encore “l’avenir vous appartient” !

Plus sobrement, les remerciements sont aussi une façon de procéder. Remercier son auditoire pour l’écoute est toujours bienvenue, et on peut le mettre en fin de prise de parole de façon peu solennelle ou sur la phrase de fin.

Ex : « merci à vous de m’avoir écouté, j’espère avoir pu vous éclairer un peu sur ce sujet et j’espère pouvoir répondre aux questions que vous vous posez ce serait un véritable plaisir de pouvoir échanger ensemble. » (simple mais efficace)

Cas pratique : c’est la fin du discours, il faut maintenant conclure.

« Que dire. (silence) Je pense qu’on a fait le tour de la question. Vous toutes et tous, ici, présents, vous êtes la main qui portera le choix de demain. (silence) Je ne prendrais donc pas plus de temps ici, vous savez ce qui est bon pour vous, pour la fac, pour notre promo, vous le savez. Alors faites le bon choix vendredi aux élections… et merci à vous pour cette écoute. (silence la bouche ouverte pour ajouter quelque chose en gardant une main levée) (bien fort pour conclure) Et pour reprendre Amélie Nothomb : le seul mauvais choix, c’est l’absence de choix. (salut et sortie)” ».

Une idée, lorsqu’on s’adresse à une foule qu’on connaît, c’est d’utiliser un crédo ou une citation que tout le monde connaît. Par exemple un dicton de promotion, un slogan ou une maxime. C’est ce que font les dirigeants politiques en clamant “vive la république, vive la France” en fin de discours.

NDLR : je suis pas sûr sûr de ce petit exemple je pense qu’on peut trouver mieux mais il faut que je le finisse vite.

La seconde partie est à présent terminée ! Elle était extrêmement dense mais je ne me voyais pas la couper en deux pour des raisons logiques. J’espère, une fois encore, que l’article vous ait plu et je vous invite à regarder la troisième partie disponible ici.

📚 Sources :

Une partie des bouquins là dessous sont citées à titre de références rhétorique et d’éloquence, mais je ne les ai pas (encore) touts lus. Ceci étant, ils font parti des grands classiques quand on touche à ce domaine.

Bertrand Périer pour l’éloquence +++

Clément Viktorovitch pour la rhétorique +++

Robert Badinter le maître de l’art oratoire

Éloquence, Rhétorique et Art Oratoire :

  • Le pouvoir Rhétorique, Clément Viktorovitch
  • La parole est un sport de combat, Bertrand Périer
  • Sur le bout de la langue, Bertrand Périer
  • L’exécution, Robert Badinter
  • Influence et Manipulation, Robert Cialdini
  • La rhétorique aujourd’hui, Alexandre Motulsky-Falardeau
  • La rhétorique mode d’emploi, Nicole Fortin
  • Dictionnaire historique de la langue française
  • De l’orateur, Cicéron
  • Rhétorique à Herennius
  • Institution oratoire, Quintilien
  • Rhétorique, Aristote
  • La parole en public, Maurice Hougardy
  • Essai sur l’éloquence judicaire, Maurice Garçon
  • Remarques sur la parole, Jacques Charpentier
  • Convaincre, Jean Denis Bredin, Thierry Lévy
  • Introduction à la rhétorique, Olivier Reboul
  • Dictionnaire de rhétorique, Georges Molinié
  • La parole en public, Jean Paul Guedj
  • L’art d’avoir toujours raison, Schopenhauer
  • La défense pénale, Alessandro Traversi (traduction de Caterina Wiskemann)
  • Introduction à l’art de la plaidoirie, Pascal Créhange
  • Art et techniques de la plaidoirie, L. Gratiot, C. Mécary
  • Le pouvoir des mots, Josiane Boutet
  • Le secret des orateurs, Stéphane André
  • Choisir le mot juste, Patrick Dupouey
  • L’Age de l’éloquence, Marc Fumaroli

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Guillaume Chandelier

Étudiant en M1 Neuropsychologie et Neurosciences Cliniques à l’UGA, passionné d’un tas de trucs que j’essaie de partager ici de façon simple et compréhensible.